Architecture
L'église baroque
En 1708, l’abbé Voirol fait appel à l’architecte Franz Beer (1659-1726) pour dessiner les plans ….. En 1709, un nouveau contrat est conclu avec Beer : l’architecte s’engage à diriger les travaux de démolition, de construction et de décoration. Ils s'étendront sur près de cinq ans et coûteront quelque deux cent mille florins. Le gros œuvre est terminé en 1711 et déjà sous toit. L’année suivante, on entreprend d'élever la tour nord pendant que s’achèvent l'aménagement intérieur de l'église et la pose des fenêtres. La bénédiction. D’abord prévue pour l’été 1713 est finalement célébrée le 23 septembre 1714 par l'évêque Jean-Conrad de Reinach. Quant à la seconde tour, elle n'est restaurée et rehaussée suivant le modèle de la première qu'en 1715 par les maçons Rebetez et Metthez, Enfin, en 1718 a lieu le coulage, l'accordage et l'installation des dix cloches : quatre sont placées dans chacun des deux clochers et deux plus petites dans le clocheton situé au milieu de l'église. Quatre cloches supplémentaires sont fondues en même temps : deux destinées à Grandgourt, une à Bassecourt et une dernière aux Genevez 1
L'église actuelle mesure intérieurement 58,2 mètres en longueur sur 18 mètres de haut. Sa largeur est de 19,3 mètres dans le chœur et de 24 dans le transept. En raison de la déclivité du terrain, la moitié Est de l'édifice a été élevée sur une cave voûtée, qui a servi de lieu de sépulture aux moines défunts. L'aménagement intérieur se présente comme suit : une grille de fer sépare la nef du chœur, auquel on accède en montant deux marches. Deux autres marches permettent d'accéder au sanctuaire où se trouve le maître-autel : son dôme à la romaine est soutenu par huit colonnes en bois de chêne que l'abbé Joliat fera recouvrir d’or. Au centre, on placera une statue de la Vierge, qui se détache sur la fresque entourant l'autel et peinte vers 1750-60. Douze pilastres supportant chacun la statue d'un saint, complètent encore l’ensemble.
Dans le chœur se trouvent les stalles en bois de chêne où les chanoines prennent place durant les offices. Elles comptent trente-six sièges dans la rangée supérieure et vingt-quatre au niveau inférieur. Les conventuels y accèdent directement par une porte à double battant aujourd'hui murée, percée dans le mur sud. Deux escaliers accrochés à chaque paroi leur permettent également de gagner la galerie supérieure sans quitter la clôture. C'est sur cette galerie, qui court tout au long de l'église, que sont placés les deux orgues. Le petit est appuyé contre le mur méridional, à la hauteur du chœur. On remarque encore l'ombre du grand sur la paroi ouest. L'étage supérieur de l'édifice est aussi relié à la nef par un escalier situé dans la tour nord. Enfin, après la construction du couvent, des passages seront percés pour en permettre l'accès depuis les- deux ailes du couvent.
Sous la galerie et entre les piliers qui supportent la voûte se trouvent quatorze confessionnaux logés dans des niches et six autels collatéraux. Ils ornent aujourd'hui les églises de Saignelégier, de Saint-Brais, des Genevez et de Boécourt, où l'on peut aussi admirer de nombreux tableaux et objets de culte provenant de Bellelay. Le grand orgue et la chaire ont été détruits dans l'incendie du temple de La Chaux-de-Fonds en 1919 2 . Outre la grille du chœur et la peinture murale, l’église ne conserve plus aujourd'hui de son décor intérieur que les stucs des plafonds et des piliers. Cette décoration murale représentant des têtes d'anges, de éléments floraux ou végétaux et des figures abstraites est probablement l’œuvre de Franz Schmutzers, qui a travaillé entre 1712 et 1714 d'après les dessins de Beer. Seuls les stucs ornant les voûtes surplombant le maître-autel sont plus tardifs : ils ont été exécutés vers 1730 dans un style Régence par le même groupe d'artistes inconnus qui a décoré le prieuré de Grandgourt et les grandes salles du couvent de Bellelay 3 .
voir: Intervalles no 15, juin 1986, Cyrille Gigandet
1 Alfred Wyss Die Ehemalige Prämonstratenabtei Bellelay, Berne 1960, p 78-82
2 Saucy P.-S. Histoire de l’ancienne abbaye de Bellelay de l’ordre des Prémontrés, 2è éd., p..202-207
3 Alfred Wyss Die Ehemalige Prämonstratenabtei Bellelay, Berne 1960, p 130-138
Archéologie
L'abbaye de Bellelay se situe sur un beau plateau marécageux entouré de forêts, à 950 m d'altitude, et à proximité de la voie romaine reliant le Seeland à l'Ajoie.
Ravagés par plusieurs incendies, les bâtiments conventuels ont été reconstruits de 1728 à 1738 d'après le modèle de Sankt-Urban (LU) ; ils forment avec l'église un grand quadrilatère. Des nombreuses dépendances, la mieux conservée et la plus intéressante est sans conteste l'auberge (Hôtel de l'Ours) reconstruite à la fin du XVIIe siècle.
Rappelons encore qu'au XIXe siècle, suite à la dégradation progressive de l'abbaye, une tannerie, une forge et une brasserie furent entre autres exploitées sur son domaine. En 1899, les bâtiments conventuels furent transformés en hôpital psychiatrique toujours en activité au début du XXIe siècle.
En plus de l'église abbatiale (Eglise à l'Assomption de la Vierge), les murs d'immunité ont été l'objet de fouilles archéologiques : précédents ceux de l'époque baroque, ces murs ont une épaisseur de 90 cm. Ils sont d'origine médiévale tardive, mais les études comparatives avec les structures conventuelles relevées dans les années cinquante (voir Alfred Wyss, Die ehemalige Prämonstratenserabtei Bellelay, Berne, 1960) n'ayant pas encore été faite à notre connaissance (état 2008), il serait hasardeux de vouloir les rattacher à une phase précise du couvent.
voir: Dictionnaire du Jura DIJU
Spiritualité
Nous comprenons la spiritualité comme un mouvement de recherche de sens, de valeurs, d’espoir ou de libération. Même si beaucoup de personnes ne voient pas une vraie distinction entre la spiritualité et la religion, force est de constater qu’il est possible d’être authentiquement spirituel à titre personnel et qu’il y a aussi beaucoup de religions qui ont comme seul but de donner accès à la spiritualité.
La spiritualité est souvent incomprise par le monde occidental parce que son mode de pensées est ancré dans un système intellectuel beaucoup moins sensitif. En Occident, elle se rattache traditionnellement à la religion dans la perspective de l'être humain en relation avec l’Être supérieur et le devenir de l’être après la mort. D’un point de vue philosophique, elle se rapporte davantage à l'opposition de la matière et de l'esprit ou encore de l'intériorité et de l'extériorité.
De nombreuses études montrent par exemple que les personnes qui ont des croyances religieuses ou pratiquent la méditation de pleine conscience se portent mieux, vivent plus longtemps et sont en meilleure santé. Ces personnes vont mieux d’un point de vue psychique, mais aussi somatique parce que la spiritualité – à distinguer de la religion qui est une réponse culturelle à un questionnement universel – est un besoin existentiel partagé par tous les êtres humains, besoin qui relie au monde et aux autres.
C’est ce lien, ce sentiment de faire partie d’une communauté, d’avoir la conscience de ses valeurs qui animent entre autres les "Activités culturelles Bellelay", cherchant ainsi à favoriser une réflexion sur la place accordée à la spiritualité dans le quotidien, en tenant toujours compte des spécificités inhérentes à chaque personne.
Adapté de :
www.ciao.ch
"Formation continue Unil - EPFL Intégrer la spiritualité au concept de santé"
Prémontrés
Plus important ordre de chanoines réguliers suivant la règle de saint Augustin – Nette et précise, elle prône un modèle de vie inspiré de celui de la première communauté chrétienne de Jérusalem telle qu’elle est décrite dans le livre des Actes des Apôtres (4, 32), elle insiste sur la charité fraternelle, qui se concrétise principalement au quotidien par la pauvreté personnelle et par la mise en commun des biens, pour parvenir à l’unité communautaire 1 –, les prémontrés s'inscrivent dans le mouvement réformateur de la fin du XIe s., qui préconisait la pauvreté et la vie commune. Sous l'impulsion charismatique de saint Norbert, qui fonda l'ordre à Prémontré (Picardie) en 1121 selon la tradition, les prémontrés s'implantèrent surtout en Europe du Nord-Ouest et dans le Saint Empire. La première abbaye établie en Suisse est celle du Lac de Joux, fondée vers 1126 par Saint-Martin de Laon, deuxième abbaye de l'ordre. Au cours du XIIe s., s'y ajoutèrent en Suisse occidentale Humilimont, Bellelay, Fontaine-André, Grandgourt, puis Gottstatt au XIIIe s. Avec les établissements francs-comtois de Corneux et de Belchamps, ces abbayes formaient la circarie (province) de Bourgogne. Etablis à partir du milieu du XIIe s., les abbayes et prieurés de Suisse alémanique (Saint-Lucius à Coire, Churwalden, Saint-Jacques à Klosters, Rüti ZH) relevaient de la circarie de Souabe et dépendaient des abbayes de Roggenburg (Bavière) et de Weissenau (Souabe). L'ordre intégra aussi des communautés féminines, dont certaines avaient peut-être constitué au départ des communautés doubles avec les abbayes masculines, mais qui évoluèrent rapidement vers des prieurés féminins séparés à l'existence éphémère : Rueyres (comm. Chardonne), Posat, Saint-Hilaire à Coire, Churwalden et Bollingen. Au bas Moyen Age, les prémontrés détenaient de nombreuses paroisses qu'ils desservaient souvent eux-mêmes, suivant la tradition pastorale des chanoines. A la Réforme, la plupart des établissements disparurent, à l'exception de Bellelay, de Saint-Lucius à Coire et de Churwalden, qui subsistèrent - parfois laborieusement - jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Le couvent féminin de Berg Sion, qui constitue aujourd'hui l'unique institution d'inspiration prémontrée de Suisse, fut fondé à la fin du XVIIIe s.
voir: Bernard Andenmatten: "Prémontrés" dans : Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 11.04.2012
1 https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Saint-Augustin-d-Hippone/La-regle-de-saint-Augustin